La lutte contre le trachome en RCA – avancées du projet avec The End Fund

Malgré la signature d’accords politiques pour la paix et la réconciliation entre les rebelles et l’État de 2012 à 2019, la promulgation en 2023 d’une nouvelle constitution à l’issue d’un référendum et la mise en place d’un régime démocratiquement élu en 2016, la RCA connaît une situation sécuritaire et économique fragile. Les nombreuses crises politiques et communautaires qui ont animé le pays depuis plus d’une décennie ont accentué le manque de cohésion sociale, de concentration du pouvoir politique, ainsi que les disparités sociales et régionales. Depuis le déclenchement du conflit au Soudan en avril 2023, la RCA est également confrontée à des flux migratoires importants aux abords de ses frontières qui pourraient provoquer une crise humanitaire et sécuritaire importante.

Dans ce contexte, répondre aux besoins grandissants de la population, garantir de bonnes conditions de vie et un accès équitable à des soins de santé de qualité est devenu très compliqué.

 

La lutte contre le trachome en RCA

Le trachome est la première cause de cécité dans les pays d’Afrique francophone. La République Centrafricaine fait partie des pays qui présentent des lacunes prioritaires dans le programme mondial d’élimination du trachome.

Pour faire face au problème de santé publique que représente le trachome, le ministère de la Santé Publique de la République Centrafricaine a créé une structure technique au sein du Service de lutte contre les maladies tropicales négligées (MTN) : Le programme national de lutte contre le trachome (PNLT). Les activités de lutte contre le trachome ont débuté à la fin des années 2000, avec le soutien de l’OPC et d’autres ONG internationales, en se concentrant sur des activités de formation de chirurgiens spécialisés dans le trichiasis, la distribution de pommade ophtalmique et l’équipement de centres de santé secondaires. 

 

Le rôle de l’OPC dans la lutte contre le trachome en RCA

Dans le cadre de ce programme, l’Organisation pour la Prévention de la Cécité (OPC) s’est alliée à THE END FUND depuis 2016 pour soutenir le ministère dans l’élaboration et la mise en œuvre de projets d’éradication du trachome dans les zones endémiques, à l’échelle nationale.

Comme nous vous l’avions expliqué dans notre blog de novembre 2023, la lutte contre les MTN commence par la générosité de géants pharmaceutiques qui font don d’antibiotiques, ensuite acheminés jusqu’aux villages les plus reculés. L’OPC est un acteur du dernier kilomètre dans le trajet emprunté par les antibiotiques, ce que Moumine Yaro, spécialiste de la chaîne d’approvisionnement chez ITI, a expliqué dans son interview avec l’OPC : “Des organisations, telle que l’OPC, jouent un rôle crucial en apportant un soutien technique et financier aux pays pour la dernière étape de l’acheminement de ces antibiotiques vers les communautés mal desservies qui en ont le plus besoin.” (trad.). 

 

Les évolutions récentes du projet

En 2023 étaient programmées, 

  • Une nouvelle vague de Distribution Massive d’Antibiotiques (DMA) contre le trachome dans cinq districts sanitaires des régions de l’Ouham Pendé et du Nana Mambere, ciblant au total plus de 980 000 enfants âgés de 5 à 14 ans avec un objectif de couverture géographique de 100% – elles auront finalement lieu au cours du 1er trimestre 2024 en raison de retards dans la disponibilité des médicaments au niveau mondial ;
  • Ainsi qu’une vague d’enquêtes d’impact pour mesurer le recul de la prévalence du trachome à la suite de plusieurs années de distributions de médicaments dans les régions de Mambere-Kaddein, Sangha Mbaere et Kemo, Ouaka et de l’Ombella Mpoko, ciblant au total environ 1,7 million de personnes. Les résultats détaillés sont en cours d’analyse, mais l’on peut déjà dire que dans la plupart des zones concernées le taux de prévalence semble être passé en-dessous du seuil de 5% de la population, conformément aux objectifs. Dans l’Ombella Mpoko toutefois, le taux de prévalence est toujours supérieur à 5%, obligeant à planifier et budgéter une nouvelle DMA en 2024. 

 

La gestion des lieux de stockage et le parcours sécurisé des médicaments représentent des défis importants dans la lutte contre les MTN. A ce sujet, nous avons eu l’occasion d’interviewer Moumine Yaro, spécialiste de la chaine d’approvisionnement chez International Trachoma Initiative (ITI). Ce dernier nous a expliqué plus en détails quels pouvaient être ces défis et quels étaient les moyens mis en œuvre pour y répondre : 

Lorsqu’il s’agit de médicaments, la sécurité et l’efficacité sont primordiales. (…) Le processus de stockage, de transport et de distribution des médicaments sur le dernier kilomètre constitue un défi. (…) Ainsi, avant que les pays ne reçoivent des dons, nous menons un processus d’intégration, des réunions avec les parties prenantes et des évaluations pour nous assurer que les pays soient prêts à recevoir, stocker, transporter et distribuer l’azithromycine (molécule utilisée dans les antibiotiques de traitement du trachome). (…) Cependant, il est arrivé que les médicaments donnés soient volés en raison de l’absence de mesures de sécurité adéquates. Dans ce cas-là, après enquête, des recommandations ont été formulées pour améliorer l’efficacité du système. Un autre cas concernait des médicaments restants après une distribution massive d’antibiotiques, soulignant la nécessité de procéder à des comptages physiques et à une planification de la logistique inverse.” (trad.).

Comme Moumine Yaro l’explique, ces défis soulignent “la complexité du processus et l’importance de la collaboration et du renforcement des capacités pour garantir une distribution sûre et efficace des médicaments à ceux qui en ont besoin” (trad.).  

L’OPC aide donc les pays d’Afrique francophone, comme la RCA, à respecter les normes définies au préalable par les institutions internationales en matière de stockage, transport et distribution des antibiotiques. A ce titre, nous avons assisté en novembre dernier à la revue nationale du programme de lutte contre les MTN du ministère de la Santé de RCA et participé à la sélection et au financement d’un nouveau lieu de stockage, appartenant à l’ONG Première urgence. 

 

Aller toujours plus loin

Dans la lignée de notre engagement à ne laisser personne de côté, nous voulons poursuivre l’élargissement géographique de nos actions contre le trachome en RCA. 

En 2024, nous souhaitons mener des enquêtes épidémiologiques dans davantage de districts sanitaires, notamment des districts frontaliers où le trachome reste en persistance ou recrudescence malgré les distributions de médicaments. Surtout, nous réaliseront des enquêtes de base dans les régions de la Nana-Gribizi et la Bamingui-Bangoran que l’insécurité rendaient jusqu’ici inaccessibles, afin d’avoir un aperçu du taux de prévalence du trachome et anticiper les besoins en matière de couverture thérapeutique. 

Pour nous aider à poursuivre nos activités, rendez-vous sur notre page de dons

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