En tant que Président de l’Organisation pour la Prévention de la Cécité (OPC), je me dois d’insister sur un point fondamental : il est crucial que le grand public prenne conscience des actions humanitaires menées dans le domaine ophtalmologique. Aujourd’hui, l’ophtalmologie humanitaire se déploie à travers un réseau d’associations spécialisées tels que Sightsavers, La Fondation Théa, Lions Club International etc. qui, avec un dévouement inébranlable, œuvrent pour prévenir la cécité et améliorer la qualité de vie de ceux qui en ont le plus besoin.
Ces initiatives, bien qu’elles demeurent souvent dans l’ombre, sont d’une portée inestimable. Elles ne se contentent pas de restaurer la vue à des millions de personnes ; elles sont également le reflet d’une solidarité et d’un humanisme profond au sein du monde médical. Le travail que nous accomplissons est la preuve éclatante que notre communauté est capable de transformer des vies grâce à des gestes simples mais essentiels.
Chaque réalisation, chaque succès que nous rencontrons démontre clairement que la lutte contre la cécité évitable est une cause qui mérite d’être soutenue. Toutefois, notre mission ne saurait se poursuivre sans le financement des soins, des équipements, et des interventions chirurgicales qui repose en grande partie sur la générosité des donateurs.
Aujourd’hui plus que jamais, il est impératif de sensibiliser le grand public à l’impact concret de ses contributions. Pour nous, ophtalmologistes, notre engagement va bien au-delà de la salle d’opération. Il englobe une responsabilité sociale plus large : celle de mobiliser les ressources nécessaires, d’éduquer la population et de bâtir un réseau de soutien pour ces causes vitales. En partageant nos réussites et en expliquant l’importance de chaque don, nous donnons au public l’opportunité de devenir des acteurs à part entière dans notre lutte contre la cécité évitable.
Les statistiques sont éloquentes : sur les plus de deux milliards de personnes dans le monde atteintes d’une déficience visuelle la moitié n’a pas accès aux soins et aux services.
Les besoins sont donc énormes et croissants tandis que les systèmes de santé nationaux sont également appelés à faire face à de multiples urgences sanitaires. Les populations les plus isolées sont particulièrement défavorisées et c’est là que l’ophtalmologie humanitaire prend tout son sens. Un impact considérable est possible à condition de respecter quelques principes simples : formation, actions inscrites dans la durée, réponse aux besoins locaux et qualité optimale en toutes circonstances. L’adage chinois selon lequel il vaut mieux apprendre à pêcher plutôt que de donner du poisson prend ici tout son sens et rejoint les fondements éthiques des professions de santé quand il s’agit d’aider ceux qui en ont le plus besoin.
Professeur Serge Resnikoff
Président de l’Organisation pour la Prévention de la Cécité (OPC)
Médecin spécialisé en ophtalmologie, épidémiologie, santé publique et professeur à l’université de New South Wales à Sydney, Serge Resnikoff est un ancien élève de l’École de Santé Navale de Bordeaux et de l’institut de médecine tropicale du Pharo à Marseille. Après une quinzaine d’années en Afrique au titre de la coopération technique il a rejoint l’OMS où il a dirigé plusieurs programmes, notamment celui de la santé oculaire. Après un bref passage par l’industrie pharmaceutique il a rejoint le Brien Holden Vision Institute de Sydney et s’est impliqué dans plusieurs activités internationales d’enseignement et de recherche. Président de l’OPC depuis 2012 il exerce aussi des responsabilités dans plusieurs autre organisations impliquées dans la santé tropicale et la lutte contre la cécité.