Aujourd’hui, le risque de cécité est 5 à 10 fois plus élevé dans les pays en développement que dans les pays industrialisés.
L’une des raisons qui expliquent ce chiffre alarmant est que les personnes atteintes de maladies pouvant causer la cécité se soignent rarement, ayant de la difficulté à accéder aux soins oculaires. De plus, la plupart des maladies pouvant causer la cécité sont encore mal comprises par le grand public en raison d’un manque d’éducation à la santé.
Le trachome est l’une de ces maladies, et c’est la principale cause de cécité d’origine infectieuse dans le monde. Présente dans les écoulements oculaires et nasaux, cette infection bactérienne se transmet facilement entre les personnes par les mains, les vêtements et mêmes les mouches. Des infections à répétition peuvent déformer la paupière ce qui a pour effet d’incurver les cils qui viennent se frotter sur la surface de l’œil, provoquant douleur, inconfort, dommages permanents à la cornée, et éventuellement, la cécité.
Par le biais de son programme des maladies tropicales négligées (MTN), l’Organisation pour la Prévention de la Cécité (acronyme français : OPC) lutte pour l’élimination du trachome en Afrique Francophone, une région souvent oubliée par les acteurs principaux du développement international. En partenariat avec des ONG et les gouvernements locaux, l’OPC sensibilise à cette maladie, fournit des traitements et forme des infirmières ophtalmologiques aux techniques chirurgicales de base. Ce programme a déjà connu un grand succès : en 2019, 6 480 cas de complications du trachome ont été opérés, et 3 127 108 personnes ont reçu un traitement contre le trachome.
Malheureusement, la pandémie de la COVID-19 a eu un impact négatif sur les programmes d’élimination du trachome. Le 1er avril 2020, afin de réduire le risque de transmission du COVID-19, l’Organisation mondiale de la santé (OMS) a recommandé que la distribution de masse de médicaments, les initiatives de détection des cas actifs de complications du trachome et les enquêtes de populations soient reportés jusqu’à nouvel ordre. Cet avis a été renouvelé dans un guide publié le 5 mai 2020.
La rencontre annuelle du Réseau Africain Francophone des Experts du Trachome (RAFET), exceptionnellement organisée sur Zoom cette année, a permis à l’OPC de traiter cette question en compagnie d’un large éventail d’experts, d’organisations non gouvernementales et de 13 Ministères de la Santé.
Les membres du RAFET ont souligné le coût quantitatif et qualitatif de l’inaction en matière de services de santé oculaire et de control des maladies tropicales négligées. Les Ministères de la Santé d’Afrique Centrale et de l’Ouest sont pressés de voir les activités reprendre.
La COVID-19 affecte la capacité des organisations à but non lucratif à fournir des soins, des traitements et à opérer les personnes infectées par le trachome. Le manque de financement des programmes d’élimination du trachome pourrait mettre un terme à tous les progrès qui ont été réalisés au cours des dernières années et empêchera des personnes de jouir de leur droit humain à la vue.
La reprise nécessaire des activités d’élimination du trachome respectera les meilleures pratiques et recommandations de l’Organisation mondiale de la santé. Ces précautions et procédures comprennent :
A. Une analyse des risques en cinq volets :
- L’impact attendu sur la santé publique de l’activité de lutte contre le trachome prévue
- L’impact attendu sur la santé publique si l’activité de lutte contre le trachome prévue n’est pas mise en œuvre
- Les conséquences de l’exclusion des groupes à risque de l’activité anti-trachome anticipée
- Le contexte social
- Le genre, l’équité et les droits humains
B. Des mesures de précaution sur les sites de lutte contre le trachome — pour les travailleurs sociaux et les personnels de santé (distanciation sociale, masques et solutions hydro alcooliques) et pour les patients (des masques médicaux pour les personnes ayant des antécédents médicaux et pour les personnes âgées de plus de 60 ans, des masques non médicaux (tissu ou toile) pour le grand public avec respect de la distanciation sociale, des masques et des solutions hydro alcooliques seront également mises à disposition).
De nombreux pays vont être confrontés à un dilemme. Premièrement, les prérequis de l’analyse des risques peuvent être difficiles à réaliser, conduisant ainsi à un statu quo frustrant. Deuxièmement, les coûts liés à la mise en œuvre des barrières et des mesures de distanciation sociale dans toutes les activités de lutte contre le trachome devront être financées.
Nous avons besoin de votre aide pour continuer à sauver et à restaurer la vue des populations les plus vulnérables grâce à notre programme d’élimination du trachome. Faites un don !
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